C'est un sujet dont je parle et rigole facilement. Peut-être parce que je fais partie des personnes qui subissent le moins ces troubles dans le quotidien. Ou peut-être tout simplement parce que c'est bien aussi d'en rire. Mais il est également important de sensibiliser sur le sujet. Pourquoi ? Parce que c'est totalement méconnu.
Comme je le disais, je ne suis pas à plaindre. Mais hier j'ai parlé de taxe TDAH sur le réseau social BlueSky.
Qu'est-ce que la taxe TDAH ? Ce sont toutes les dépenses qui pourraient être facilement évitées sans ce trouble. L'exemple que j'ai pris était le suivant : en septembre, nous avons campé dans le jardin avec les enfants. La tente était mouillée, je l'ai pas rangée de suite. Puis le chat a fait dessus, je devais la laver, il a plu, j'ai pas réussi à m'y mettre, bref... Elle traîne encore sur ma terrasse. Depuis début septembre.
Mais hier, j'ai vu qu'à force de passer sur la toile, les chiens l'ont déchirée. La tente est foutue, je dois la remplacer. J'aurais pu l'éviter si je m'y étais mis plus tôt. Je n'ai pas réussi, c'est ainsi.
J'ai eu plusieurs réactions de ce type : Mais on la paie tous cette taxe. On est tous un peu comme ça. On est tous un peu TDAH, etc. Alors oui, mais non. Même si je sais que certaines personnes le disaient en étant sensibilisées au sujet.
On a tous des phases où ça va bien moins que d'autres, où on est davantage fatigués, et où on a juste envie de couper. Et c'est normal. Mais quand on n'a aucun contrôle, que c'est tout le temps et qu'on a aucun moyen d'y échapper, ou alors à un coût que beaucoup de personnes n'imaginent pas, c'est autre chose. C'est pas juste "être un peu comme ça". C'est un handicap, qu'on subit plus ou moins. Mais un handicap invisible. On passe notre temps à compenser, à masquer, et ça fatigue. Vraiment. Alors quand on a la chance de bien naître, ou du moins bien moins mal que d'autres, on s'en sort bien et c'est mon cas. Tant qu'il y a un équilibre. Mais le jour où cet équilibre est rompu, c'est catastrophique. Et c'est là que tout ressort.
J'ai ensuite réagi à ces réponses dans un autre post où je disais que j'avais à la fois envie de discuter, de devenir agressif, et que je comprenais en même temps ces réactions. Malheureusement, certaines personnes ont rebondi dessus et ont reproché de façon assez virulente aux personnes leurs propos. Mais ce n'est pas ce que je voulais. Parce que ce que je voulais dire, c'est qu'en France on a 30 ans de retard par rapport aux autres pays sur ces sujet, et c'est très vite très compliqué.
Mais je vois difficilement comment on peut en vouloir à une personne lambda quand même les professionnels concernés ne sont ni formés ni au courant. Il n'y a qu'à voir la galère à laquelle font face les neuro-atypiques qui s'ignorent, ou qui cherchent de l'aide. Parce qu'on peut bien sûr être neuro-atypique et très bien le vivre.
Trouver des professionnels de la santé mentale qui nous prennent au sérieux, qui ne nous renvoient pas dans les cordes, c'est un parcours du combattant. Vraiment.
Pour ma part, j'ignorais complètement ce qu'il se passait. Je ne connaissais même pas le terme TDAH, et j'aurais encore moins pensé souffrir de Trouble du Spectre Autistique ou des autres de la liste donnée plus haut. J'ai eu une vie plutôt facile. Jusqu'à ce que ça explose.
5 ans. C'est le temps qu'il m'a fallu pour trouver un professionnel qui a mis le doigt sur le truc.
5 ans. C'est le temps que j'ai passé sans trouver de psychologues capables de me dire autre chose que : Arrêtez de vous victimiser et ça ira mieux.
5 ans. C'est le temps que j'ai passé à luter contre mon obsession pour les platanes contre lesquels j'avais envie de me jeter.
5 ans. C'est le temps que j'ai passé à, chaque nuit, réfléchir à la vitesse idéale de me jeter contre un poid-lourd à moto sans casque.
5 ans. C'est le temps que j'ai passé à imaginer toutes les façons possibles d'en finir.
5 ans. C'est le temps que j'ai passé à luter pour ne pas abandonner ma famille.
Alors effectivement, les propos que j'ai pu lire en réponse à ma publication n'étaient pas les plus adaptés et c'est pour cette raison qu'il est nécessaire de continuer à discuter, à nous écouter (les uns les autres), à éduquer, mais surtout à nous respecter. Il n'est pas nécessaire de s'invectiver. Ça n'apporte rien.
Dites-vous bien que ça reste un handicap dont je ne me plains pas. Mais ce type de petites phrases peuvent être difficiles à entendre. Iriez-vous dire à une personne à qui il manque une jambe que "Ouais, mais on boîte tous un peu, parfois." ?