En 2009 donc, je fais mes premières crises de tachycardie, que l’on finit par assimiler à des crises d’angoisse. J’apprends à vivre avec et continue de faire beaucoup de sport, jusqu’en 2015 où les crises deviennent de plus en plus fortes, m’entraînant parfois jusqu’au bord du malaise. Bilan chez un cardiologue, tout est plutôt normal, et je me retrouve avec un traitement à base de bêtabloquants. Ceux-ci sont tellement efficaces que, même lors d’un effort, le cœur n’arrive plus à monter assez haut. Il est temps d’arrêter le rugby, la salle de sport, les efforts physiques à la maison, et de trouver un réglage qui va bien.

Avril 2016. J’ai 26 ans, je n’ai toujours pas repris le sport, et mon corps me signale son manque de forme. Des douleurs musculaires, des courbatures fréquentes, une contracture au mollet qui dure une semaine… Mais qui n’est pas une contracture. La fatigue m’envahit et dans la nuit du vendredi au samedi, je me réveille en sursaut, incapable de respirer. Une phlébite prise pour une contracture se complique en embolie pulmonaire. Direction les urgences et une semaine d’hospitalisation. Je n’ai jamais été aussi fatigué qu’après ça. Je mettrai plusieurs années pour relever la tête côté fatigue. Je n’ai plus d’activité physique et le moral diminue, petit à petit. Je commence à chercher de l’aide. En vain. Je change de travail, pour pire.

2017. Malgré la fatigue, mes problèmes cardiaques sont réglés et je reprends le rugby et la salle de sport en fin de saison, soit autour du mois d’avril. Quelques mois de sport et, le 8 octobre 2017, je me blesse au rugby. Une erreur de diagnostic plus tard, me voilà parti pour 3 ans et demi de blessure, deux opérations et une diminution de ma capacité physique (un handicap, quoi). Me voilà donc, à quelque chose près, à 6 ans sans sport. 6 ans sans activité physique, sans exutoire, et un moral qui baisse, qui baisse, et qui baisse encore…

Dans ces moments, on a beau admettre qu’on va mal, on a beau le savoir, il est difficile d’aller chercher de l’aide. Et s’entendre dire par le psychologue finalement vu qu’il suffit d’arrêter de se victimiser pour aller mieux, ça n’aide pas. Moi, je ne comprends pas pourquoi ça ne va pas. Un couple solide, une fille qui me comble de bonheur, je ne manque de rien, j’ai un travail, un toit, … Pourquoi je vais si mal ? Pourquoi ces idées noires ? Oui, je dois être en train de me victimiser. À moi de me remuer pour aller mieux. Ça ne fonctionne pas.

Petit à petit, la situation se dégrade. Ma seconde fille arrive, je me sens dépassé, inapte à gérer, à bien m’occuper d’elles, et cette obsession qui grandit pour les couteaux, les platanes, le vide, l’eau… Ces moments de joie en me disant que ça y est, j’ai enfin une solution pour que tout cela cesse, pour être enfin tranquille. Ma femme et mes filles sont mon dernier frein. C’est tout ce qu’il reste pour me donner encore un peu l’impression d’avoir quelque chose à faire ici.

Les idées noires sont de plus en plus envahissantes, c’est constant, sans répit. Et un jour, au détour d’une conversation, on me parle de mon TDAH. TDAH ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité. Incompréhension. Non, ce n’est pas moi. Mais je suis curieux, je me renseigne. Comme toujours quand je découvre un nouveau sujet, je lis, j’écoute, des papiers scientifiques, des podcasts, des témoignages, je visionne des vidéos sur YouTube. Et c’est frappant. Je me reconnais beaucoup trop pour que ce soit le hasard… Alors j’échange avec des personnes qui souffrent de ce TDAH, ils me racontent ce qu’ils vivent ou ont pu vivre. Non, décidément ça colle beaucoup trop. Sur les conseils de la personne qui m’aura le plus aidé pour démarrer mes démarches, je contacte TDAH France, l’association, et plus particulièrement Chantal, de l’antenne locale de Saône-et-Loire.

Après un échange très constructif et instructif, Chantal parvient à me rassurer, et surtout à m’orienter vers un vrai spécialiste que je rencontrerai en novembre 2021. Nous sommes donc à plus de 5 ans d’errance. Ce sera la rencontre qui me sauvera.

Lors premier rendez-vous, il m’indique que certains troubles neurodéveloppementaux sont évidents, mais qu’il faut d’abord traiter cette dépression et mon anxiété avant que je me foute en l’air. Les mots sont posés. C’était évident mais l’entendre est brutal. Je le niais complètement. Me voilà sous traitement anti-dépresseurs et anxiolytique. Après quelques ajustements, je peux dire que cet homme m’a sauvé de quelque chose qui aurait pu dégénérer pour de bon. Je vais mieux. Je n’ai plus d’idées noires, et ces deux problèmes sont stabilisés.

Mai 2022. Je passe un bilan psychométrique qui révélera que je « souffre » de TDAH, TSA, hypersensibilité sensorielle et alexithymie. Entre autres. Je comprends mieux mes courtes nuits depuis toujours, mon besoin de toujours m’occuper les mains, de bouger, les agressions sensorielles que je subis de la part de mon environnement direct, mes difficultés à suivre un cours correctement, ce sentiment d’injustice récurrent…

Des échanges avec la psychologue qui m’a fait passer les tests ainsi qu’avec le psychiatre (les deux travaillant ensemble) ressortiront plusieurs éléments intéressants pour me comprendre, et m’adapter à ce que je suis vraiment, sans me cacher. Comme une façade qui s’effacerait un peu. Ça ne change en rien qui je suis, mais ça me permet de mieux m’adapter à certaines difficultés, et à mieux le gérer.

Aujourd’hui, après avoir dû de nouveau encaisser, j’assume cette particularité, et je pense qu’il est important d’en parler, de rendre le sujet visible, et de ne plus en faire quelque chose à cacher. C’est l’objet de ce site et de ce blog, où je parlerai principalement de sujets en lien avec le neuropsy sous mon vrai nom, comme j’en parlais dans ce billet.

Affaire à suivre…